Michel Foucault a vécu au XXe siècle, une période marquée par les luttes sociales, la décolonisation, les révolutions culturelles et la montée des régimes autoritaires. Philosophe de la critique, Foucault a écrit dans un contexte où les institutions modernes (prisons, asiles, écoles) étaient de plus en plus remises en question.
Il a analysé les relations entre pouvoir, savoir et discours, cherchant à comprendre comment les structures de pouvoir façonnent les individus.
Le pouvoir s'exerce par des discours
Ces discours structurent le réel
Donc le langage est pouvoir
Le pouvoir produit des assujettissements
La résistance crée des espaces de liberté
Donc la liberté est résistance
La raison définit ses autres
Cette définition est pouvoir
Donc la raison exclut
La vérité produit des effets de pouvoir
Le pouvoir produit des régimes de vérité
Donc la vérité est politique
Le biopouvoir contrôle la vie des populations
L'État moderne gère la vie collective
Donc l'État est une forme de biopouvoir
« En somme, une action pour être dite “morale” ne doit pas se réduire à un acte ou à une série d'actes conformes à une règle, une loi ou une valeur. Toute action morale, c'est vrai, comporte un rapport au réel où elle s'effectue et un rapport au code auquel elle se réfère ; mais elle implique aussi un certain rapport à soi ; celui-ci n'est pas simplement “conscience de soi”, mais constitution de soi comme “sujet moral”, dans laquelle l'individu circonscrit la part de lui-même qui constitue l'objet de cette pratique morale, définit sa position par rapport au précepte qu'il suit, se fixe un certain mode d'être qui vaudra comme accomplissement moral de lui-même ; et, pour ce faire, il agit sur lui-même, entreprend de se connaître, se contrôle, s'éprouve, se perfectionne, se transforme. Il n'y a pas d'action morale particulière qui ne se réfère à l'unité d'une conduite morale ; pas de conduite morale qui n'appelle la constitution de soi-même comme sujet moral ; et pas de constitution du sujet moral sans des “modes de subjectivation” et sans […] des “pratiques de soi” qui les appuient. »
Foucault, Histoire de la sexualité
Une action morale suppose une relation à soi et transformation personnelle.
« Valoir, pour la pensée classique, c'est d'abord valoir quelque chose, être substituable à cette chose dans un processus d'échange. La monnaie n'a été inventée, les prix ne se sont fixés et ne se modifient que dans la mesure où cet échange existe. Or l'échange n'est un phénomène simple qu'en apparence. En effet, on n'échange dans le troc que si chacun des deux partenaires reconnaît une valeur à ce que détient l'autre. En un sens, il faut donc que ces choses échangeables, avec leur valeur propre, existent à l'avance entre les mains de chacun pour que la double cession et la double acquisition se produise enfin. Mais d'un autre côté, ce que chacun mange et boit, ce dont il a besoin pour vivre, n'a pas de valeur tant qu'il ne le cède pas ; et ce dont il n'a pas besoin est également dépourvu de valeur tant qu'il ne s'en sert pas pour acquérir quelque chose dont il aurait besoin. Autrement dit, pour qu'une chose puisse en représenter une autre dans un échange, il faut qu'elles existent déjà chargées de valeur ; et pourtant la valeur n'existe qu'à l'intérieur de la représentation (actuelle ou possible), c'est-à-dire à l'intérieur de l'échange ou de l'échangeabilité. De là deux possibilités simultanées de lecture : l'une analyse la valeur dans l'acte même de l'échange, au point de croisement du donné et du reçu ; l'autre l'analyse comme antérieure à l'échange et comme condition première pour qu'il puisse avoir lieu. »
Foucault, Les Mots et les choses (1966)
Valoir, c'est d'abord être substituable à quelque chose.
« Ā la limite, la vie, c'est ce qui est capable d'erreur. Et c'est peut-ētre ā cette donnēe ou plutōt ā cette ēventualitē fondamentale qu'il faut demander compte du fait que la question de l'anomalie traverse de part en part toute la biologie. Ā elle aussi qu'il faut demander compte des mutations et des processus ēvolutifs qu'elle induit. Ā elle qu'il faut demander compte de cette mutation singuliēre, de cette “erreur hērēditaire” qui fait que la vie a abouti avec l'homme ā un vivant qui ne se trouve jamais tout ā fait ā sa place, ā un vivant vouē ā “errer” et destinē finalement ā l'“erreur”. Et si on admet que le concept, c'est la rēponse que la vie elle-mēme donne ā cet alēa, il faut convenir que l'erreur est ā la racine de ce qui fait la pensēe humaine et son histoire. L'opposition du vrai et du faux, les valeurs qu'on prēte ā l'un et ā l'autre, les effets de pouvoir que les diffērentes sociētēs et les diffērentes institutions lient ā ce partage, tout cela mēme n'est peut-ētre que la rēponse la plus tardive ā cette possibilitē d'erreur intrinsēque (1) ā la vie. Si l'histoire des sciences est discontinue, c'est-ā-dire si on ne peut l'analyser que comme une sērie de “corrections”, comme une distribution nouvelle du vrai et du faux qui ne libēre jamais enfin et pour toujours la vēritē, c'est que, lā encore, l'“erreur” constitue non pas l'oubli ou le retard d'une vēritē, mais la dimension propre ā la vie des hommes et au temps de l'espēce. »
Foucault, Dits et Ecrits (1978).
La vie est capable d'erreur. C'est cette donne ou eventualite fondamentale qu'il faut demander compte.