Heidegger émerge dans une Allemagne bouleversée par la Première Guerre mondiale, la République de Weimar et la montée du nazisme. Son adhésion controversée au parti nazi en 1933 et son rectorat à l'Université de Fribourg marquent profondément sa carrière et sa réputation, influençant sa réflexion sur la modernité et la crise des valeurs européennes.
Sa pensée se développe dans un contexte philosophique dominé par la phénoménologie husserlienne, qu'il transforme en méthode herméneutique, et le néo-kantisme universitaire, dont il critique le formalisme.
Il engage un dialogue critique avec Kant, Nietzsche, Kierkegaard et Aristote, cherchant à réactiver la question fondamentale de l'être (Seinsfrage). "Être et Temps" (1927) marque un tournant décisif en réorientant la question de l'être autour du concept de Dasein (être-là), explorant les structures existentielles fondamentales comme l'angoisse, le temps et la mort.
Il développe une approche herméneutique des conditions pré-théoriques de l'expérience et entreprend une "destruction" (Destruktion) de l'histoire de la métaphysique occidentale. Cette pensée radicale influence profondément l'existentialisme et la philosophie postmoderne, tout en suscitant des débats intenses sur les implications éthiques et politiques de son engagement nazi.
"La science ne pense pas."
— scienceSelon Heidegger, la science n”est pas simplement une forme de pensée systématique ou logique. En effet, "la science ne pense pas" car elle se concentre sur l”objectivation du monde plutôt que sur la compréhension de soi-même et de son rapport à ce monde.
La vérité de l'être se dévoile dans ce qui ouvre un monde
L'œuvre d'art ouvre un monde et dévoile l'être des choses
Donc l'art est le lieu privilégié du dévoilement de la vérité
L'être se dévoile dans le langage
Le langage abrite ce dévoilement
Donc le langage est ontologique
La science moderne arraisonne la nature
Cet arraisonnement est technique
Donc la science est technique
La technique moderne arraisonne la nature
Cet arraisonnement est danger
Donc la technique est péril
L'être-là est temporel
Cette temporalité est existentiale
Donc le temps est existential
La vérité est aletheia
L'aletheia est sortie du voilement
Donc la vérité est dévoilement
« Il serait insensé de donner l'assaut, tête baissée, au monde technique : et ce serait faire preuve de vue courte que de vouloir condamner ce monde comme étant l'œuvre du diable. Nous dépendons des objets que la technique nous fournit et qui, pour ainsi dire, nous mettent en demeure de les perfectionner sans cesse. Toutefois, notre attachement aux choses techniques est maintenant si fort que nous sommes, à notre insu, devenus leurs esclaves. Mais nous pouvons nous y prendre autrement. Nous pouvons utiliser les choses techniques, nous en servir normalement, mais en même temps nous en libérer, de sorte qu'à tout moment nous conservions nos distances à leur égard. Nous pouvons faire usage des objets techniques comme il faut qu'on en use. Mais nous pouvons en même temps les laisser à eux-mêmes comme ne nous atteignant pas dans ce que nous avons de plus intime et de plus propre. Nous pouvons dire “oui” à l'emploi inévitable des objets techniques et nous pouvons en même temps lui dire “non”, en ce sens que nous les empêchions de nous accaparer et ainsi de fausser, brouiller et finalement vider notre être. Mais si nous disons ainsi à la fois “oui” et “non” aux objets techniques, notre rapport au monde technique ne devient-il pas ambigu et incertain ? Tout au contraire : notre rapport au monde technique devient merveilleusement simple et paisible. Nous admettons les objets techniques dans notre monde quotidien et en même temps nous les laissons dehors, c'est-à-dire que nous les laissons reposer sur eux-mêmes comme des choses qui n'ont rien d'absolu, mais qui dépendent de plus haut qu'elles. »
Heidegger, Questions IV
Il serait insensé de donner l
« L'être humain parle. Nous parlons éveillés ; nous parlons en rêve. Nous parlons sans cesse, même quand nous ne proférons aucune parole, et que nous ne faisons qu'écouter ou lire ; nous parlons même si, n'écoutant plus vraiment, ni ne lisant, nous nous adonnons à un travail, ou bien nous abandonnons à ne rien faire. Constamment nous parlons, d'une manière ou d'une autre. Nous parlons parce que parler nous est naturel. Cela ne provient pas d'une volonté de parler qui serait antérieure à la parole. On dit que l'homme possède la parole par nature. L'enseignement traditionnel veut que l'homme soit, à la différence de la plante et de la bête, le vivant capable de parole. Cette affirmation ne signifie pas seulement qu'à côté d'autres facultés, l'homme possède aussi celle de parler. Elle veut dire que c'est bien la parole qui rend l'homme capable d'être le vivant qu'il est en tant qu'homme. L'homme est homme en tant qu'il est celui qui parle. »
Heidegger, Acheminement vers la parole
L'être humain parle naturellement, parlons en rêve ou simplement sans cesser.