Kierkegaard a vécu pendant l'"Âge d'or danois" (1800-1850), une période florissante pour la culture et l'intellect au Danemark. Dans cette monarchie absolue en pleine mutation, l'Église luthérienne occupait une position centrale en tant que religion d'État, bien que critiquée pour son formalisme et sa rigidité doctrinale.
Le pays traversait alors une période de réformes éducatives et administratives, accompagnée d'une montée progressive du libéralisme politique. Le contexte philosophique de l'époque était dominé par la pensée hégélienne, contre laquelle Kierkegaard s'est fermement positionné, jugeant son système trop abstrait et sa prétention à l'objectivité indéfendable.
Le Danemark était également marqué par l'influence du piétisme et des mouvements de Réveil, créant un terrain propice à une réflexion sur la foi personnelle et authentique, thèmes qui deviendront centraux dans la philosophie kierkegaardienne.
La pensée de Kierkegaard s'est construite en réponse aux défis de son temps, façonnée par son éducation religieuse stricte et sa critique de l'Église établie. À travers de nombreux ouvrages publiés sous pseudonymes, il a développé une philosophie existentielle centrée sur la subjectivité, l'existence individuelle et la foi authentique, explorant des thèmes comme l'angoisse, le désespoir et les choix existentiels.
Sa critique radicale de l'Église danoise et son approche novatrice ont posé les fondements de ce qui sera plus tard reconnu comme l'une des premières formes d'existentialisme.
"Il ne peut y avoir un système de l’existence"
— véritéPour Kierkegaard, la vérité est subjective et personnelle. Dans cette citation, il affirme que la vie humaine est trop complexe pour être réduite à un système rigide. Chacun doit trouver sa propre voie et construire son existence en fonction de ses propres expériences et valeurs intérieures.
La foi transcende la raison
Cette transcendance est paradoxale
Donc la religion est paradoxe
La foi dépasse la raison
Ce saut est un choix personnel
Donc la religion est subjective
« On a l'habitude de dire que l'oisiveté est la mère de tous les maux. On recommande le travail pour empêcher le mal. Mais aussi bien la cause redoutée que le moyen recommandé vous convaincront facilement que toute cette réflexion est d'origine plébéienne (1). L'oisiveté, en tant qu'oisiveté, n'est nullement la mère de tous les maux, au contraire, c'est une vie vraiment divine lorsqu'elle ne s'accompagne pas d'ennui. Elle peut faire, il est vrai, qu'on perde sa fortune, etc., toutefois, une nature patricienne (2) ne craint pas ces choses, mais bien de s'ennuyer. Les dieux de l'Olympe ne s'ennuyaient pas, ils vivaient heureux en une oisiveté heureuse. Une beauté féminine qui ne coud pas, ne file pas, ne repasse pas, ne lit pas et ne fait pas de musique est heureuse dans son oisiveté ; car elle ne s'ennuie pas. L'oisiveté donc, loin d'être la mère du mal, est plutôt le vrai bien. L'ennui est la mère de tous les vices, c'est lui qui doit être tenu à l'écart. L'oisiveté n'est pas le mal et on peut dire que quiconque ne le sent pas prouve, par cela même, qu'il ne s'est pas élevé jusqu'aux humanités. Il existe une activité intarissable qui exclut l'homme du monde spirituel et le met au rang des animaux qui, instinctivement, doivent toujours être en mouvement. Il y a des gens qui possèdent le don extraordinaire de transformer tout en affaire, dont toute la vie est affaire, qui tombent amoureux et se marient, écoutent une facétie et admirent un tour d'adresse, et tout avec le même zèle affairé qu'ils portent à leur travail de bureau. »
Kierkegaard
On a l'habitude de dire que l'oisiveté est la mère de tous les maux, mais en réalité elle est une vie vraiment divine.
« Il est assez curieux qu'en parlant du devoir on pense à quelque chose d'extérieur bien que le mot lui-même indique qu'il s'applique à quelque chose d'intérieur ; car ce qui m'incombe, non pas comme à un individu accidentel, mais d'après ma vraie nature, est bien dans le rapport le plus intime avec moi-même. Le devoir n'est pas une consigne, mais quelque chose qui incombe. Si un individu regarde ainsi le devoir, cela prouve qu'il s'est orienté en lui-même. Alors le devoir ne se démembrera pas pour lui en une quantité de dispositions particulières, ce qui indique toujours qu'il ne se trouve qu'en un rapport extérieur avec lui. Il s'est revêtu du devoir, qui est pour lui l'expression de sa nature la plus intime. Ainsi orienté en lui-même, il a approfondi l'éthique et il ne sera pas essoufflé en faisant son possible pour remplir ses devoirs. L'individu vraiment éthique éprouve par conséquent de la tranquillité et de l'assurance, parce qu'il n'a pas le devoir hors de lui, mais en lui. Plus un homme a fondé profondément sa vie sur l'éthique, moins il sentira le besoin de parler constamment du devoir, de s'inquiéter pour savoir s'il le remplit, de consulter à chaque instant les autres pour le connaître enfin. Si l'éthique est correctement comprise, elle rend l'individu infiniment sûr de lui-même ; dans le cas contraire elle le rend tout à fait indécis, et je ne peux pas m'imaginer une existence plus malheureuse ou plus pénible que celle d'un homme à qui le devoir est devenu extérieur et qui, cependant, désire toujours le réaliser. »
Kierkegaard, Ou bien… ou bien..
Le devoir est intérieur.