Averroès, de son nom arabe Ibn Rushd, est un philosophe, théologien, juriste et médecin andalou qui a joué un rôle majeur dans la transmission de la philosophie grecque, en particulier aristotélicienne, vers l'Occident médiéval.
Né à Cordoue en Al-Andalus (Espagne musulmane) sous la dynastie des Almohades, à une époque de relative tolérance religieuse et d'effervescence intellectuelle, il exerce la fonction de cadi (juge) à Séville puis à Cordoue, tout en poursuivant ses travaux philosophiques.
Il cherche à concilier la raison philosophique (notamment aristotélicienne) avec la foi musulmane. Ainsi il défend l'idée que la vérité ne peut être double : la raison et la révélation mènent aux mêmes conclusions si elles sont bien interprétées.
Dans cette idée il développe une théorie de "l'intellect unique" : l'intellect agent est unique et séparé des individus, il existe une intelligence universelle à laquelle tous les hommes participent.
Il va s'opposer aux théologiens asharites et aux juristes malikites qui rejettent la philosophie.
« Il existe de nombreux faits ētablis dans les sciences thēoriques qui, s’ils ētaient confrontēs au point de vue immēdiat et ā l’opinion que la foule a de la question, seraient, relativement ā cela, tout ā fait semblables ā des choses que peut apercevoir un dormeur durant son sommeil ! Et nombre de ces choses ne reposent pas mēme sur des prēmisses qui seraient, elles, de l’ordre des prēmisses concevables par la foule, qui seraient persuasives pour la foule lorsque celle-ci rēflēchirait ā ces idēes ; dont il est au contraire impossible qu’elles suscitent chez quiconque quelque persuasion que ce soit, mais dont on ne peut acquērir qu’une certitude, si l’on a procēdē pour les connaītre selon la mēthode de la certitude. Ainsi, dirait-on ā la foule, ou mēme ā des gens d’un niveau de discours plus ēlevē que cela, que le soleil, qui paraīt, lorsqu’on le voit, de la taille d’un pied, est en fait ā peu prēs cent soixante-dix fois plus grand que la terre, que les gens trouveraient cela impossible. Ceux qui imagineraient cela se feraient l’impression de rēver, et il nous serait impossible de les en persuader en usant de prēmisses auxquelles ils pourraient assentir peu de temps aprēs leur mention, en un temps raisonnable. Il n’est au contraire d’autre moyen d’accēder ā une science comme celle-ci que la mēthode de la dēmonstration, pour ceux qui ont empruntē cette mēthode. »
Averroès, L’incohērence de l’incohērence (XIIe siēcle)
Des faits ētablishis dans les sciences thēoriques peuvent sembler irrēelis au point de vue immēdiat.